Kayak
Deux passionnés doublent le cap Horn
article signé M.G., paru dans le journal “ Le republicain Lorrain ”
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Entre janvier et avril, un messien et son camarade haut savoyard ont affronté les vents, les courants, les militaires chiliens et une nature à l'état brut pour rejoindre et doubler “ le Horn ”. Récit d'une aventure australe.

 

Cinq cents milles en kayak de mer sont un défi qui a de quoi dissuader les plus déterminés. Mais lorsqu'on sait que cette escapade maritime consiste à aller de Punta Arenas au Chili jusqu'au cap Horn, on peut avoir froid dans le dos. Or ce challenge, Olivier Mouzin originaire de Jouy aux Arches et Robin Givet, un haut savoyard, l'ont non seulement relevé mais aussi remporté.
“ La première fois que j'ai vu le cap Horn, c'était dans un livre d'Eric Tabarly. J'avais juste dix ans. Et au terme de tous nos efforts, nous l'avons eu devant nous, tel le roi des océans...”, raconte Olivier Mouzin. Passionné par la mer, mais également par la montagne, cet habitant de Jouy aux Arches est aussi casse cou que tête bien faite. Docteur en mécanique, il tente l'aventure aux Etats Unis où il travaille sur des projets de prothèse de genoux et de hanches. A la fin d'une année studieuse et bien remplie, il retourne dans la maison familiale, mais la soif de l'aventure demeure. Il lui a pourtant déjà payé un lourd tribu. En 1992, il a été victime d'une chute au sol de 45m dans le massif du Vercors.
Avant de renouer avec la vie professionnelle en France, Olivier décide d'aller voir de près le cap Horn. L'idée est de rallier Punta Arenas au cap Horn en kayak de mer : “ Un truc de fou ”.

Hypothermie
En janvier dernier, Olivier et Robin sont prêts physiquement pour l'aventure. Ils se rendent à Punta Arenas et les longues journées de l'été austral leur permettent de découvrir la ville. Le 24 janvier est le jour du départ : “ Nous vivons nos premiers coups de pagaie comme une libération. Pourtant, dès le lendemain, nous affrontons un vent de cinquante noeuds ” raconte Olivier. Au bout de cinq jours de navigation, nos deux marins atteignent le point le plus austral du continent américain. Une courte traversée les mène à l'entrée du canal Magellan. Puis lorsqu'ils pénètrent dans le canal Cockburn, ils engagent un dur combat contre l'humidité. “ Il bruine sans cesse, le thermomètre s'effondre, des grains venus de l'antarctique nous assaillent en permanence et nous passons de sales journées à essayer de remonter mètres par mètres les trente milles de ce canal ” se souvient Olivier. Une semaine d'efforts leur permet d'atteindre une baie désolée. Guettés par l'hypothermie, ils plantent leur tente à l'embouchure d'une rivière. La Patagonie se fait plus accueillante et la suite du voyage, le long de la cordillère Darwin est un régal pour les yeux.

Dédale infernal
Très vite repérés, Olivier et Robin doivent rejoindre Puerto Williams, à une bonne journée de navigation. Après une dizaine de jours passés dans la ville la plus australe du monde, ils obtiennent l'autorisation de poursuivre leur périple. “ Nous longeons les côtes de l'île Horn. Tout est gris ; la roche, le ciel, les mousses. La mer est presque noire. Le cap n'est plus qu'à quatre milles et il est impensable de retourner sur nos pas ”, rapporte Olivier. Une heure d'intense bagarre permet de sortir du dédale infernal, cap plain sud, et l'esquif se trouve en face d'une pyramide rocheuse. “ Malgré le grain qui se pointe, nous prenons le temps de savourer le fruit de nos efforts. Nous en sommes à notre cinq centième mille de navigation et touchons au but. La sensation de bout de monde nous étreint ”, témoigne Olivier.
Pari tenu, Horn vaincu.

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